POURQUOI STEPHEN HARPER RISQUE DE PASSER POUR LE PLUS GRAND PREMIER MINISTRE DU CANADA DU XXIe SIÈCLE
Ce texte contient des scènes politiques,
de nudité et de sexe qui pourraient ne pas
convenir à tous les lecteurs. La S.R.C.
préfère vous en avertir. C’est terrible avoir à penser cela. Les politiques de Harper sont méprisables au plus haut point et nous devrions en avoir moralement et intellectuellement une honte des plus blessantes : la démagogie partisane, l’effronterie internationale, le mépris des peuples, l’impérialisme nordique, le militarisme effréné, le nationalisme borné, l’anti-intellectualisme primaire, et sans doute que chacun d’entre vous y ajouterait sa pierre personnelle. Si Stephen Harper était la femme adultère de la parabole, personne ne se retiendrait de lui lancer sa pierre.
Nous regardons ainsi le «règne» de Stephen Harper car nous payons, par notre travail, nos taxes, nos impôts et les compressions budgétaires imposées, le prix de ses politiques démentes. Nous ne pouvons avoir sous les yeux la dimension des temps à venir qui replaceront dans une perspective logique cette débauche de politiques asociales.


La conséquence du machiavélisme appliqué consiste essentiellement à hisser le Prince au-dessus des lois, ce qui dans le temps avait appelé la réplique légaliste de Jean Bodin. Les résultats deviennent la mesure morale des moyens utilisés, ce qui a entraîné la répulsion des vertueux habitants des sépulcres blanchis. Le principe de réalité qui impose

Contrairement à ses adversaires politiques, Stephen Harper a une vision du Canada, une vision qu’il est prêt à imposer contre le monde entier, comme nous l’avons constaté dès le temps où il dirigeait un gouvernement minoritaire et qu’il a versé son pétrole des sables bitumineux albertains

1. La démagogie partisane
Nous avons parlé de la démagogie partisane qu’utilisait Harper dans ses discours et sa rhétorique pour vendre ses projets de loi. Harper est un tyran. Nous associons immédiatement la négativité au mot de sorte qu’il apparaît redondant de dire que Harper est un «tyran mauvais». Mais certains conservateurs trouvent sans doute que Harper est



2. Le mépris des peuples
Le corollaire de la démagogie est toujours le mépris des électeurs, en fait des peuples. Les Libéraux se sont scandalisés de la reconnaissance de la «nation» québécoise par le gouvernement conservateur et ce n’était là que des mots. Mais ce mot à en même temps montré qu’il ne signifiait plus grand chose au-delà du «sentiment d’appartenance» à une ethnie parmi d’autres. Mieux que le multiculturalisme à la Taylor et à la Trudeau, Harper a livré à Gérard Bouchard l’interculturalisme dont il se fait le défenseur. Le Canada est un devenu un lieu d’échanges entre différentes cultures sans
pour autant attribuer à aucune d’elles des «privilèges» autrement celui d’exprimer leurs traditions. En ce sens les individus ne sont plus noyés dans l’anonymat de l’isolisme, mais «parqués» dans des champs culturels (des ghettos imaginaires?) qui se doivent mutuels respects. Des centres urbains comme Vancouver, Toronto et même Montréal y trouvent leur profit, tandis qu’on peut librement parler de la «culture albertaine» ou de la «culture néo-écossaise» avec le même sérieux que la culture québécoise. Il ne suffirait qu’elles demandent la reconnaissance de leur «identité nationale» pour que le gouvernement conservateur le leur accorde. Nous revenons ainsi à l’antique définition féodale de la «nation» qui s’associait à toutes sortes de groupes unis par un caractère commun. Les femmes pouvaient, à elles seules, former une «nation» dans un royaume et, pourquoi pas, les gays et lesbiennes dans le monde du XXIe siècle?
C’est dans cette optique qu’il faut comprendre la réaction viscérale du gouvernement du Parti Québécois à travers sa «charte de la laïcité». Cette chasse aux symboles religieux, autant qu’elle est pathétique, témoigne à quel point l’identité québécoise est au plus bas. Une collectivité - une nation - sûre d’elle-même ne crains pas les symboles autres que les siens. Plutôt qu’agir en majorité qui assimile les apports extérieurs, le projet
du Parti Québécois retombe dans la vieille maladie de l’ultramontanisme du XIXe siècle, c’est-à-dire bannir, refouler, repousser à sa circonférence, les «étranges» - comme on disait dans le bon vieux temps d’Hérouxville! -, et se camper sur un quant à soi défensif et obsidional qui va jusqu’à sacrifier le crucifix catholique avec le niqab de la musulmane, le turban du sikh ou «l’assiette à tarte velue» de l'hassidique. Cette façon de se nier soi-même dans son historicité et son Être collectif, s’insère insidieusement dans la façon de rejeter les autres dans leurs cultures et leurs traditions. Les suggestions de la politique Marois ouvrent à l’existence de ghettos fermés (y compris les régionalismes québécois) et s’engagent dans la trace laissée par les honteuses lois de Nuremberg de 1935 en interdisant implicitement l’accès à la fonction et aux services publiques pour ceux et celles qui refuseraient de cacher leurs signes distinctifs. Alors que ceux qui se décoreront la peau d'affreux tatouages, se grefferont le visage de piercings, ou se vêtiront de costumes fantaisistes pourront servir d'infirmières ou de professeurs! L’ultramontanisme conservateur et nationaliste du XIXe siècle renaît dans le nationalisme péquiste à la dérive, et c’est dans cette dérive que réside essentiellement le problème.
Bref, en reconnaissant la «nation québécoise», Stephen Harper l’a déstabilisée. Il lui a donné ce que les nationalistes libéraux du Québec demandaient depuis Robert Bourassa : la reconnaissance de la société distincte sans pour autant lui accorder plus qu'un droit de retrait avec compensation. Voilà pourquoi l’apprenti-chef du P.L.Q. Philippe Couillard s’avoue prêt à signer la Constitution de 1982 demain matin! C’est mieux que ce que les trente années des gouvernements Trudeau, Mulroney et Chrétien sont parvenus à obtenir. Ruse machiavélique? Bien évidemment, mais le résultat en vallait la peine.
Il en va de même avec les Autochtones. Ceux-ci étaient particulièrement «choyés» du temps des Trudeau, Chrétien et Paul Martin. Les Pow Wow avec longs chapeaux à plumes et calumets de paix qu'on se passait de main en main pendant que la pègre autochtone encaissait les chèques du gouvernement
fédéral et abandonnait leurs peuples à leurs conditions misérables est bien loin. Pour Harper, les «Premières nations» ne sont …que des nations. Comme les Québécois, ce sont des cultures en interconnexion les unes avec les autres. Pas de quoi déverser l’empathie des «sanglots longs de l’homme blanc», et la chef Theresa Spence pourra toujours poursuivre sa grève de la faim sous la fenêtre du Premier ministre, elle ne l’empêchera pas d’aller accueillir les deux pandas de Chine au zoo de Toronto. Idle-no-More n’est pas le Parti Québécois et la multiplication des pétitions que personne ne lit n’inquiète pas davantage. En ce sens, un gouvernement qui ne respecte pas ses peuples ne peut respecter davantage les autres peuples. Que le gouvernement conservateur coupe l’aide financière à des organismes qui font la promotion de la contraception dans des pays où se transmet le sida et ou la surpopulation crée des situations intolérables pour les plus pauvres, il sert ainsi les objectifs moraux de son électorat de la moral majority sans grever les mœurs canadiennes. En ce sens, le mépris que Machiavel - et le Prince - portaient aux hommes se retrouve dans les décisions politiques du gouvernement conservateur. L’indifférence aux changements climatiques avoue que ces hommes et ces femmes qui décident de l’avenir de l’ensemble des Canadiens, et non seulement de quelques groupes d’intérêts particuliers, font petite monnaie des conditions d’adaptation de l’avenir.
Le corollaire de la démagogie est toujours le mépris des électeurs, en fait des peuples. Les Libéraux se sont scandalisés de la reconnaissance de la «nation» québécoise par le gouvernement conservateur et ce n’était là que des mots. Mais ce mot à en même temps montré qu’il ne signifiait plus grand chose au-delà du «sentiment d’appartenance» à une ethnie parmi d’autres. Mieux que le multiculturalisme à la Taylor et à la Trudeau, Harper a livré à Gérard Bouchard l’interculturalisme dont il se fait le défenseur. Le Canada est un devenu un lieu d’échanges entre différentes cultures sans

C’est dans cette optique qu’il faut comprendre la réaction viscérale du gouvernement du Parti Québécois à travers sa «charte de la laïcité». Cette chasse aux symboles religieux, autant qu’elle est pathétique, témoigne à quel point l’identité québécoise est au plus bas. Une collectivité - une nation - sûre d’elle-même ne crains pas les symboles autres que les siens. Plutôt qu’agir en majorité qui assimile les apports extérieurs, le projet

Bref, en reconnaissant la «nation québécoise», Stephen Harper l’a déstabilisée. Il lui a donné ce que les nationalistes libéraux du Québec demandaient depuis Robert Bourassa : la reconnaissance de la société distincte sans pour autant lui accorder plus qu'un droit de retrait avec compensation. Voilà pourquoi l’apprenti-chef du P.L.Q. Philippe Couillard s’avoue prêt à signer la Constitution de 1982 demain matin! C’est mieux que ce que les trente années des gouvernements Trudeau, Mulroney et Chrétien sont parvenus à obtenir. Ruse machiavélique? Bien évidemment, mais le résultat en vallait la peine.
Il en va de même avec les Autochtones. Ceux-ci étaient particulièrement «choyés» du temps des Trudeau, Chrétien et Paul Martin. Les Pow Wow avec longs chapeaux à plumes et calumets de paix qu'on se passait de main en main pendant que la pègre autochtone encaissait les chèques du gouvernement

3. L'effronterie internationale
D’où le mépris des peuples conduit à cette effronterie internationale qui s’est manifestée surtout dans la suite à donner au protocole de Kyoto sur les changements climatiques (2009). Tous les automobilistes, même les plus conscientisés à la question environnementale, ont été soulagés lorsque Stephen Harper a enterré la taxe sur le carbone que l’ex-ministre Stéphane Dion entendait imposer aux Canadiens. Que Stephen Harper soit l’homme
des pétrolières n’a rien d’extraordinaire en soi. Nous avons tous oublié les raisons pour lesquelles le gouvernement de Pierre Trudeau avait fondé et nationalisé Pétrocanada aux lendemains de la crise du pétrole en 1973, c’est-à-dire explorer afin d'exploiter le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta. Pour l’époque, les coûts mirobolants de l’entreprise coupèrent vite l’enthousiasme au ministre Marc Lalonde et la retombée des prix du pétrole suggéra que l’aventure n’en valait vraiment pas le coût. Si Trudeau et Lalonde avaient persisté dans leur décision, la colère que s’est attiré Harper serait retombée sur le Parti Libéral du Canada. En fait, Harper n’a fait que ressortir une vieille idée des tablettes. Évidemment, le but commercial de l’entreprise différait de l’orientation que lui donnaient les Libéraux, qui était, comme pour l’électricité au Québec, d’assurer l’indépendance énergétique et profiter des raffineries pour traiter le pétrole issu des terres canadiennes. Le but du gouvernement Harper est de vendre le pétrole aux Américains afin qu’ils ne touchent pas trop à leurs propres réserves. De l’auto-détermination énergétique nationale, nous avons régressé au statut de producteur colonial.
En retour, les plaintes adressées par les puissances étrangères, essentiellement européennes, concernent l’émission du CO2 dégagé essentiellement des automobiles à essence. Comme les grandes métropoles sont concentrées dans l’hémisphère nord, cette accumulation de gaz carbonique
produit plusieurs effets qui ne sont plus remis en doute par les autorités compétentes. L’effet de serres, qui, progressivement, transforme notre climat tempéré en climat subtropical, annonce qu’un jour, le pourtour des Grands Lacs et la vallée du Saint-Laurent ressembleront à une seconde vallée du Mississippi. Déjà la flore canadienne - «la flore laurentienne» si minutieusement dessinée par le Frère Marie-Victorin - subit des maux importés des climats du Sud. Et bientôt, ce sera autour de la faune à se voir chassée vers le nord par de nouveaux parasites ou de nouveaux prédateurs. Autre effet pervers, la fonte rapide des calottes polaires. Nous savons depuis 1960 environ que le réchauffement climatique a commencé à être perceptible dès les années 1860. À l’époque, il n’y avait pas de développement industriel de l’ampleur de celui qui fait aujourd’hui de la Terre une boule puante qui circule, toujours sur le même cycle, dans l'espace. Il n’y avait que l’Angleterre et la Belgique dont on pouvait dire qu’elles fonctionnaient avec des dépenses élevées de charbons et de matériaux fossiles. Le phénomène du réchauffement climatique est donc inscrit dans la chronologie géologique. À cela, la chronologie historique s’est ajoutée au changement naturel, et n’a cessé de l’accélérer depuis la substitution du pétrole au charbon. À cela, il faut ajouter que les écologistes n’ont cessé d’étendre le champ des émetteurs massifs de CO2, allant de la respiration humaine des mégapoles comme Mexico ou Tokyo aux pets de vaches d’élevages.
La fonte des calottes polaires entraîne de ces effets perturbateurs, tel que l’écoulement de l’eau douce des glaciers qui, plus froide, vient
se mêler aux eaux salées et chaudes des océans. Le grand conducteur marin qui passe par le détroit du Labrador ne cesse de neutraliser le courant chaud du Gulf Stream et, par le fait même, souffle l'air froid sur le continent européen. Outre ce gaspillage insensé des eaux potables, il y a les émanations de méthane entraînées par la fonte du pergélisol. Ce méthane s’accumule dans l’atmosphère, augmentant les effets délétères de l’effet de serres. Le dome qui s’établit ainsi sur l’hémisphère nord doit être analysé non pas sous l’angle des transformations historiques, mais des changements de l’écosystème planétaire. Pour Stéphane Harper, toutes ces critiques intellectuelles relèvent d’un alarmisme qu’il associe au terrorisme. Dans la lignée du groupe dit des «Lucides» qui gravitait voilà quelques années autour de Lucien Bouchard, Stephen Harper refuse de se laisser arrêter par qui que ce soit qui dresse des constats «négatifs» face aux entreprises de développement économique. Cela vaut aussi bien pour les inquiétudes manifestées par les Européens que pour les pétitionnaires canadiens. En refusant de s’engager dans une véritable politique tenant compte des menaces écosystémiques, la pensée prospectiviste du gouvernement conservateur du Canada ne dépasse pas les limites de la chronologie historique.
En fait, Stephen Harper fait une lecture «positive» des mêmes données et c’est par hypocrisie et duplicité, à l’image du Prince de Machiavel, qu'il nie les changements climatiques. Pour lui, ces
changements n’apportent pas que des effets pervers, effets qui seront lents à s’installer (pense-t-il) et qui permettront de renouveler les entreprises capitalistes en créant de nouveaux besoins afin d’adapter les Canadiens à leur nouvel environnement. Ce qu’il calcule, par contre, ce sont les opportunités économiques que lui offriront ces changements climatiques. Les économistes et les conseillers financiers du gouvernement conservateur mesurent l’étendue des bénéfices par la quantité de territoires aisément rentables qu’entraîneront ces changements. Avant même le fameux Plan Nord de l’ex-Premier ministre du Québec Jean Charest, il existait une politique d’expansionnisme, mieux, d’impérialisme nordique du gouvernement Canadien.
D’où le mépris des peuples conduit à cette effronterie internationale qui s’est manifestée surtout dans la suite à donner au protocole de Kyoto sur les changements climatiques (2009). Tous les automobilistes, même les plus conscientisés à la question environnementale, ont été soulagés lorsque Stephen Harper a enterré la taxe sur le carbone que l’ex-ministre Stéphane Dion entendait imposer aux Canadiens. Que Stephen Harper soit l’homme

En retour, les plaintes adressées par les puissances étrangères, essentiellement européennes, concernent l’émission du CO2 dégagé essentiellement des automobiles à essence. Comme les grandes métropoles sont concentrées dans l’hémisphère nord, cette accumulation de gaz carbonique

La fonte des calottes polaires entraîne de ces effets perturbateurs, tel que l’écoulement de l’eau douce des glaciers qui, plus froide, vient

En fait, Stephen Harper fait une lecture «positive» des mêmes données et c’est par hypocrisie et duplicité, à l’image du Prince de Machiavel, qu'il nie les changements climatiques. Pour lui, ces

4. L'impérialisme nordique
Cet impérialisme nordique se définit par deux orientations d’État. D’abord étendre l’exploitation des richesses minières et pétrolifères jusqu’au cercle polaire. De l’Alberta vers le Nord, il s’agira de pénétrer dans les Territoires du Nord-Ouest où les nappes de pétrole se prolongent et promettent des quantités inespérées de barils de pétrole. Alors qu'au cours des années 2000, l'échéance des nappes de pétroles se situait à 40 ans avant l’épuisement des réserves planétaires, ce nouveau pactole pétrolier annonce que le Canada pourrait devenir, d'ici peu de temps, un joueur majeur à la table des Nations productrices de Pétrole (O.P.E.P.) et jouer sur le cours des prix.
Le second élément qui constitue l’objectif de l’impérialisme nordique est la fonte des glaces polaires et la libération de l’Océan Arctique au cours des prochaines décennies qui rendront possible un navigation à l’année longue. Ce faisant, le
trafic maritime européen vers l’Asie sera détourné du canal de Panama pour passer directement de la Mer du Nord au détroit du Labrador et de là, suivra point par point les nouvelles cités que le gouvernement canadien parsèmera sur les côtes océanes jusqu’en Alaska. De là, le trafic maritime européen, passant par le détroit de Behring, arrivera à Vladivostok, à Tokyo et aux ports chinois. Détournant le trafic du canal de Panama afin de diminuer sur les coûts de transport entre le marché européen et le marché chinois, nous percevons mieux les démarches parallèles du gouvernement Harper de resserrer les liens avec Pékin tout en s’affairant à avaliser un traîté de libre-échange avec la Communauté Économique Européenne.
Les Européens retiendront-ils alors le souvenir de la gifle de Kyoto? Devant une telle perspective, les groupes d’intérêts européens auront vite compris où ils pourront bénéficier des retombées des changements climatiques. Après tout, les affairistes européens, tout comme les affairistes canadiens, savent bien que la seule chronologie dont il faille tenir compte est la chronologie historique. De plus, l’Europe de l’Ouest, dont le pétrole vient des champs pétrolifères de Roumanie et des anciens territoires soviétiques de l’Azerbaïdjan, du Caucase, de l’Ukraine et de la Georgie, maintenant républiques autonomes, vont se trouver sur le chemin du retour à l’État russe.
Ici, j’ouvre une parenthèse pour les effets que pourrait avoir un raidissement de la politique russe dans la diplomatie internationale. Si le
président Obama peut se permettre à l’émission populaire américaine animée par Jay Leno de déclarer que nous sommes sur le point d'entrer dans une nouvelle période de «guerre froide» avec la Russie, ce n’est pas seulement pour des vétilles concernant la guerre civile de Syrie ou les mesures anti-gaies prises par le gouvernement Poutine. Il est bien évident que Vladimir Poutine n’entend pas se laisser dépasser par l’extrême-droite nationaliste et qu’il veut reformer l’unité «nationale» russe. À ce titre, les jeux olympiques de Sochi sont moins pour épater le monde occidental des prouesses russes qu’à des fins de consommation interne. Il serait même profitable, pour le gouvernement Poutine, que le boycott des jeux de Moscou de 1980 se reproduit et d’ici février 2014, rien ne dit qu’il ne disposera pas ses pions diplomatiques de façon à créer une accumulation de
frustrations occidentales qui entraînera un tel boycott. Sochi, ville artificielle née de la démagogie poutinienne, vise à redorer le blason de l’ancien empire des tsars autocrates et du Soviet Suprême après vingt ans de déboires anarchiques. Il est impensable que ces territoires qui ont obtenu leur indépendance nationale aux lendemains de l’effondrement de l’Union soviétique ne reviennent pas, un jour ou l’autre, à l’intérieur de l’État universel russe. L’Ukraine est le cœur de la civilisation chrétienne-orthodoxe dans sa version Russe. Kiev fut la première capitale de l’État russe, coincé à l’époque entre la Horde d’or mongole et la pénétration par le royaume Polono-Lithuanien. Que l’agenda soit ouvert ou tenu caché, la politique de Moscou restera toujours la même depuis des siècles : retrouver les territoires perdus au cours de la dernière décennie du XXe siècle. Une telle entreprise, si elle venait tôt ou tard à se réaliser, risquerait de priver l’Europe occidentale du pétrole d'Asie mineure ou à l’obtenir à des prix prohibitifs.
On comprend dès lors l’importance de l’impérialisme nordique canadien. D’une part, le libre-échange Europe de l’Ouest/Canada créera pour ce dernier un marché du pétrole où les acheteurs se soucieront peu s’il provient des sables bitumineux -
présentés récemment par un ministre canadien comme étant un «pétrole écologique» [sic!] -, ce qui, je tiens à le rappeler, n’a suscité aucune hilarité de la part des auditeurs européens, contrairement à l’effet qu’une telle absurdité aurait déclenchée il y a de ça à peine deux ou trois ans -, et un accès sur une période de temps réduite au vaste marché extrême-oriental, par la voie océane Arctique. Comme un nouvel Alexandre le Grand, Stephen Harper arpente chaque année la bordure océane de l’Arctique pour voir le résultat des changements climatiques et planifier la construction de nouveaux ports maritimes ou la mise à jour de sites existant déjà. Il y aura ainsi, comme les Alexandries de jadis, des Harperopolis, de Kuujjuaq au Québec à la limite de la frontière du Yukon et de l’Alaska.

Le second élément qui constitue l’objectif de l’impérialisme nordique est la fonte des glaces polaires et la libération de l’Océan Arctique au cours des prochaines décennies qui rendront possible un navigation à l’année longue. Ce faisant, le

Les Européens retiendront-ils alors le souvenir de la gifle de Kyoto? Devant une telle perspective, les groupes d’intérêts européens auront vite compris où ils pourront bénéficier des retombées des changements climatiques. Après tout, les affairistes européens, tout comme les affairistes canadiens, savent bien que la seule chronologie dont il faille tenir compte est la chronologie historique. De plus, l’Europe de l’Ouest, dont le pétrole vient des champs pétrolifères de Roumanie et des anciens territoires soviétiques de l’Azerbaïdjan, du Caucase, de l’Ukraine et de la Georgie, maintenant républiques autonomes, vont se trouver sur le chemin du retour à l’État russe.
Ici, j’ouvre une parenthèse pour les effets que pourrait avoir un raidissement de la politique russe dans la diplomatie internationale. Si le


On comprend dès lors l’importance de l’impérialisme nordique canadien. D’une part, le libre-échange Europe de l’Ouest/Canada créera pour ce dernier un marché du pétrole où les acheteurs se soucieront peu s’il provient des sables bitumineux -

5. Développement du militarisme
Voilà pourquoi l’impérialisme nordique suscite le développement d’un militarisme effréné des forces maritimes et aériennes du Canada. Stephen Harper sait qu’il y a deux puissances qui seront prêtes à lui disputer le contrôle de l’Arctique. La Russie et les États-Unis. Le seul prétendant sérieux sont les États-Unis. D’abord, à cause des milliards de dollars qu’ils perdront annuellement suite au

À ce titre la présence militaire - la construction de nouveaux sous-marins et de nouveaux navires de guerre ainsi que l’équipement aéronautique - se trouve au cœur des dépenses gouvernementales. Si le reste de la population doit constamment vivre sous des compressions budgétaires, des diminutions de

D’où l’importance d’entretenir le nationalisme canadien et de renforcer la fantasmatique des anciens liens avec l’Empire britannique. Aux défaillances britanniques, le Canada se substitue comme l’héritier naturel de Londres. Son culte de la reine et des symboles monarchiques vise à défaire les vieux complexes psychologiques canadiens face
à l’arrogance américaine. Ce n’est pas par hasard que les journalistes canadiens, tant anglophones que francophones, ont été indignés par la façon dont le film Argo de Ben Affleck - qui met en vedette le réalisateur même - présentait le rôle des Canadiens dans l’évasion de six diplomates américains de l’ambassade à Téhéran en 1980. Pour comprendre cette levée de bouclier, il faut avoir à l’esprit trois points : 1º l’évasion des diplomates américains par l’ambassade canadienne s’est déroulée à l’époque du gouvernement conservateur de Joe Clark; 2º Argo s’est mérité l’Oscar du meilleur film de l’année 2013 et l’Oscar du meilleur scénario; 3º la version cinématographique déforme sciemment et cruellement la narration des faits historiques. Dans le film Argo, la C.I.A. est présentée comme la maîtresse du jeu dans l’évasion des diplomates d’Iran alors que l’ambassadeur canadien, Kenneth Taylor, est présenté comme un mollusque. Dans les faits, il a dû protéger, confiné et caché dans l’ambassade canadienne, les six diplomates pendant 79 jours tant la C.I.A. ne parvenait pas à se décider à mener l’opération à termes. Bref, le film de Ben Affleck est un insulte à la fierté canadienne d’avoir droit, pour une fois, à la reconnaissance du peuple Américain dans une entreprise diplomatique délicate où les Canadiens risquaient leur peau autant que les diplomates évadés.



7. L'anti-intellectualisme primaire
L’anti-intellectualisme primaire avec lequel le gouvernement Harper traite des questions politiques et sociales est le complément d’une recherche de la passivité populaire et citoyenne. Cultiver la

En conclusion, il faut donc reconnaître que Stephen Harper est, de tous les hommes politiques canadiens actuels, le seul à avoir un programme économique, politique, diplomatique et social. C’est un programme démagogique, insolent au niveau international, méprisant au niveau citoyen, impérialiste et militariste, nationaliste et anti-intellectuel. C’est une politique des Contre-Lumières mise au service de groupes d’intérêts particuliers et non de la population canadienne. C’est une poétique de l’espace et du temps centrée autour d’une intrigue projetée dans l’avenir selon les conditions de transformations écosystémiques et économiques. Pour cette raison, cela fait du gouvernement Harper un gouvernement cohérent, machiavélique, suffisant et dangereux⌛
Montréal
22 août 2013
22 août 2013